Les conditions d’un millésime
“Le millésime de cette année sera exceptionnel“. Qui n’a jamais entendu les amateurs éclairés mettre en avant certaines années plus que d’autres ? Antoine Dupré, notre directeur des vignobles et des achats vins, nous explique que la qualité du millésime est avant tout liée au travail du vigneron.
“Contrairement aux idées reçues, le climat est loin d’être le seul responsable de la qualité d’un vin. Il peut l’y aider ou au contraire rendre la tâche plus difficile, mais ce qui fait la particularité de certains millésimes, c’est bien l’accord parfait entre la qualité du terroir, le travail du vigneron quiconnaît parfaitementson sol et ses cépages et le climat “.
Il est possible qu’un vin soit excellent malgré un temps catastrophique. A contrario, il arrive qu’un vin soit médiocre même si le climat a été favorable, si le vigneron ne maîtrise pas bien ses pratiques culturales, son process de vinification… et évidemment si le terroir ne possède pas les qualités nécessaires.
Comment obtenir un bon millésime ?
Un raisin de qualité se reconnaît à l’équilibre entre sa sucrosité, son acidité et sa maturité phénolique (évolution des tanins « verts »/ durs / secs / amers vers des tanins souples / « soyeux » / croquants…). La maturité technologique désigne l’équilibre entre le sucre et l’acidité, mais cela ne suffit pas à en faire un bon vin. A cela, il faut ajouter la maturité phénolique, qui elle, désigne la maturité des tanins.
Ces 2 stades de maturité se détectent en gouttant précisémment le raisin et en appréciant la qualité de sa pulpe, de ses pépins ainsi que l’épaisseur de sa peau. Ce qui déclenchera la décision de la date de la récolte.
“Les années très chaudes produisent des raisins qui atteignent très rapidement leur maturité technologique, avec des baies très sucrées sans pour autant que leur tanins soient prêts on appelle cela les tanins verts”. Le risque est d’obtenir des vins durs dont l’harmonie gustative est rompue par des tanins pas assez mûrs donc asséchants, accentuant l’acidité du vin et ayant une forte amertume.
“Les tanins verts, non mûrs (on dit aussi ” durs “) d’un vin jeune ne s’assouplieront pas avec le vieillissement ils resteront secs et désagréables !”
Vous l’aurez compris, quelles que soient les conditions : le but est d’amener à la cave des raisins les plus parfaits possibles.
Antoine précise que “Le terroir joue également un rôle déterminant dans la qualité du raisin et son potentiel à arriver à parfaite maturité. C’est le cas des parcelles de notre Domaine de Longue Toque nichées sur l’ensemble des grands terroirs de Gigondas qui bénéficient d’une orientation et de couches géologiques particulières.”
Le millésime 2017
Cette année, nous avons eu un millésime très précoce avec des teneurs en sucres importantes. Cependant, la maturité phénolique n’était pas prête au même moment, les tanins étant encore verts. Nous avons donc attendu cette parfaite maturité des tanins et les conditions climatiques nous l’ont permis.
“Nous aurons probablement ce qu’on appelle un “effet millésime” entre ceux qui auront ramassé tôt, considérant que le raisin contenait assez de sucre et ceux qui ont attendu que les tanins mûrissent”.
C’est ici que le travail oenologique en cave commence. Selon les qualités et la maturité des raisins, les phases de macération et de fermentation ne seront pas gérées de la même façon.
Un millésime exceptionnel
“En 2015, le climat a produit des raisins à l’équilibre parfait entre maturité des tanins, anthocyanes et sucrosité simultanément. On pouvait croquer les pépins facilement, et lorsqu’on écrasait les raisins, on arrivait à extraire facilement les anthocyanes, signe d’une maturité parfaite.”
On ne peut donc pas dire qu’un millésime sera plus exceptionnel qu’un autre. Cela dépend de plusieurs facteurs complexes et spécifiques à chaque région !
Et si vous vous posez encore des questions, poussez la porte de notre Maison pour en apprendre plus !